La musique est l’art des mélodies. Les mélodies se forment une fois que les sons sont organisés selon des rythmes et des mesures. C’est un langage universel que les civilisations connaissent depuis les débuts de l’humanité et que les sociétés utilisent lors des célébrations et des rassemblements pour adoucir l’atmosphère sociale et renforcer les liens humains.
Les êtres humains entendent la musique même avant leur naissance ; déjà fœtus, ils y réagissent, se tournant vers des sons spécifiques avant même de voir la lumière du jour. Les tout-petits interagissent avec des notes simples, appréciant l’harmonie et réagissant aux discordances. Ils peuvent distinguer deux notes et remarquer les nuances de tempo dans la mélodie. Ainsi, le babil des mères avec des rythmes musicaux simples devient l’un des premiers modes de communication.
La musique a également un impact sur les animaux et les plantes. Lorsque de la musique classique a été jouée pour des vaches hollandaises, leur production de lait a augmenté et elles sont devenues plus vives. De même, lorsque jouée dans des champs d’avoine, elle a favorisé une meilleure croissance des récoltes et renforcé leur résistance.
Paroles des philosophes
Les philosophes ont longuement débattu des multiples dimensions de la musique, bien au-delà de sa simple fonction de divertissement et de renforcement des liens sociaux. Gibran Khalil Gibran a décrit la musique comme étant « comme une lampe chassant les ténèbres de l’âme, illuminant le cœur pour en révéler les profondeurs, les mélodies étant les illusions des émotions vivantes ».
Considérée comme l’art le plus abstrait, la musique entretient des liens étroits avec la philosophie. « Elle engage un dialogue ouvert dans l’imaginaire, complétant ainsi les lacunes tant internes qu’externes de notre être », selon Aristote. Pour Platon, « la musique confère une âme à l’univers, des ailes à l’esprit, un envol à l’imagination et de la vie à toutes choses ». Jean-Jacques Rousseau la définit quant à lui comme « l’art d’ordonner les sons de manière à satisfaire l’oreille ». Al-Farabi a classé les modes musicaux en fonction de leur impact sur l’âme humaine. Quant à Avicenne, il a souligné que « chaque mélodie, composée d’un arrangement harmonieux, exerce une profonde influence sur l’âme humaine ».
Dans l’intimité de l’ouïe…
La musique a le pouvoir de caresser les esprits de toutes les manières possibles, car les mélodies harmonieuses touchent les émotions profondes. Ainsi, l’oreille peut être considérée comme le siège d’une faculté que l’on pourrait nommer l’imagination sensorielle. Lorsqu’elle s’ouvre aux ondes sonores, elle crée une perturbation sensorielle dans les canaux internes de l’oreille, libérant sa magie intérieure et stimulant plusieurs régions du cerveau simultanément. Des processus complexes et rapides sont alors enclenchés, libérant des neurotransmetteurs responsables du plaisir (dopamine), de la relaxation nerveuse (sérotonine) et du soulagement de la douleur (endorphines).
Le cerveau se charge également d’analyser les impressions musicales et de les traduire en émotions. On retrouve dans le cortex cérébral une zone spécialisée dans la perception musicale. En cas de gêne auditive, il s’agit d’une cacophonie exprimée par des ondes sonores discordantes et irrégulières, ne permettant pas la création d’une harmonie sonore agréable.
Un atout thérapeutique
Depuis des temps immémoriaux, la croyance en les bienfaits de la musique pour la santé humaine est ancrée. Elle a été utilisée comme complément thérapeutique pour traiter de nombreuses affections. Aujourd’hui, les centres de bien-être modernes disposent de salles dédiées diffusant des musiques apaisantes. Les femmes enceintes sont encouragées à écouter régulièrement de la musique, car des études ont démontré qu’elle favorise le développement cérébral du fœtus et a un effet positif sur les capacités linguistiques et littéraires des enfants, ainsi que sur leur réceptivité aux mathématiques…
Les professionnels de la santé utilisent la musique pour traiter les chocs émotionnels et psychologiques, pour réduire les tensions nerveuses, améliorer l’humeur des patients atteints de dépression, d’Alzheimer, de Parkinson, et pour aider les individus ayant des difficultés de communication sociale, notamment ceux atteints d’autisme. Malheureusement, certains médecins sadiques ont utilisé la musique comme outil de torture dans les prisons.
C’est quoi une oreille musicale
La sensibilité et l’interaction envers les notes de musique sont à la fois innées et acquises, et varient d’une personne à l’autre. Ce sens musical se développe tôt chez l’individu, puis se nourrit des émotions et des encouragements exprimés par la famille et l’entourage. Il se peaufine ensuite au fil du temps à travers l’expérience, contribuant ainsi à la formation d’une culture musicale.
Ceux qui possèdent un sens musical apprécient une mélodie en prêtant une écoute attentive pour percevoir les subtilités de sa beauté cachée. Ils s’efforcent, par la répétition de l’écoute, de saisir la structure interne de l’œuvre musicale. Leur oreille sensible, semblable à un sixième sens, leur permet de reconnaître les improvisations musicales, les dissonances, de déchiffrer les notes et de comprendre la valeur des harmonies sensibles qui agissent dans les esprits comme la pluie sur les champs cultivés.
Il est plus aisé de développer l’oreille musicale et d’éduquer le sens artistique dès l’enfance. Il est crucial de cultiver chez l’enfant sa capacité à ressentir et maîtriser le rythme, car il constitue la clé magique de l’apprentissage musical. Nous avons le devoir d’encourager tout ce qui touche au chant et à la musique. Alors que certains ont une sensibilité musicale naturelle, chacun peut acquérir cette sensibilité par l’entraînement et la pratique.
En fin de compte, pouvons-nous imaginer la vie sans musique?