Depuis le jour où l’homme s’est tenu debout et que son nez s’est éloigné du sol, l’odorat a changé de portée. Son rôle dans les alertes s’est réduit alors que ses capacités pour apprécier et discerner les odeurs se perfectionnent par les expériences olfactives. Heureusement, car nous sommes constamment sollicités par de multiples odeurs…
Le nez est comme un radar discret qui reste en veille quand nous dormons. Il guète les odeurs qui tourbillonnent autour de nous et sa muqueuse fonctionne comme un vrai laboratoire.
Le nez supervise et valide l’entrée des aliments dans le corps. C’est grâce aux odeurs qu’on peut sentir d’autres saveurs que ceux les fondamentaux (sucré, salé, acide et amer) identifiés par la gustation. Brillat-Savarin écrivait en 1825: “l’odorat et le goût ne forment qu’un seul sens dont la bouche est le laboratoire et le nez la cheminé…”. quand aliment est dans la bouche nous percevons sa “flaveur”, c’est à dire son goût et son arôme. On mesure bien l’importance du rôle de l’odorat lors des maladies virales telles que le rhume, les maladies des glandes et des nerfs, ou à cause du tabac. Ces perturbations font perdre aux aliments leurs goûts.
Comment l’odeur est-elle perçue?
En comparaison à d’autres systèmes sensoriels, le mécanisme de l’odorat est simple: une molécule odorante présent dans l’air inspiré, pénètre dans le nez puis se dissout dans la muqueuse où se trouvent les cils des neurones olfactifs dotés de milliers des récepteurs.
La plupart des odeurs sont composées de plusieurs molécules odorantes. Ils seront donc captés par différents types de récepteurs olfactifs. Il en résulte une activation des neurones qui génère des influx nerveux vers le bulbe olfactif où règne une forme particulière de plasticité témoignant d’un renouvellement constant des neurones olfactifs afin de Il s’agit s’adapter à un environnement en perpétuel changement. Chaque odeur engendre un type d’impulsion spécifique. L’information est transmise aux cortex olfactifs qui forment un large réseau fortement interconnecté à proximité immédiate des régions cérébrales impliquées dans les émotions et la mémoire. Tout est au service d’une meilleure capacité à discriminer des milliers d’odeurs différentes et les mémoriser.
Une maturité précoce au service de la maternité
Dès ses premières heures, le nouveau-né est très sensible aux odeurs. Le sens de l’odorat est prêt à fonctionner. Il réagit quand on lui présente des odeurs comme l’anis, la rose, le vinaigre ou certains poissons. Les mimiques du visage suffisent pour comprendre son ressenti. Mais, répéter une expérience en utilisant les mêmes stimuli réduit ses réactions, car l’enfant s’habitue aux odeurs quand son stock de récepteurs olfactifs se saturent.
La maturité précoce du sens de l’odorat lui confère un rôle primordial dans l’installation de la relation intime mère-bébé.
Dès la première semaine de sa vie, le nouveau-né reconnaît sans hésitation l’odeur de sa mère. La mère à son tour peut reconnaître son nouveau-né uniquement par son odeur. C’est grâce à l’odeur qu’il trouve le mamelon. Ces capacités olfactives sont indépendantes de son besoin de nourriture, ce qui confère à l’odorat un rôle “affectif” dans l’établissement de la relation intime mère/nouveau-né.
On observe facilement comment un nouveau-né se calme et cesse de pleurer lorsqu’il sent l’odeur de sa mère. Son odeur l’aide à dormir. Certains chercheurs avaient suggéré à certaines mères d’enfants souffrant d’insomnie d’utiliser un tissu imbibé de son lait afin de conforter son sommeil. Ce fort attachement de l’enfant à l’odeur de sa mère se poursuit jusqu’à l’âge de cinq ans.
Le sens de l’odorat est à son maximum entre vingt et quarante ans. Il s’atténue après soixante ans.
On note que l’odeur des corps des femmes est maximale au moment de l’ovulation et que leur sensibilité olfactive augmente entre le deuxième et le quatrième mois de grossesse.
Les odeurs déclenchent l’attirance sexuelle homme/femme
Il arrive qu’on rencontre une personne qui nous attire sans qu’on sache pourquoi, ou on se dit vite “je ne peux pas le sentir ». Les odeurs du corps déterminent la compatibilité interpersonnelle et aussi dans l’attraction sexuelle.Nous sommes plus ou moins sensibles aux odeurs produites par les autres. Nombreux chercheurs affirment que les femmes y sont plus réceptives que les hommes.
Le système olfactif reçoit un cocktail de molécules produites par le corps qui se mélangent aux bactéries de la peau. Ce sont les fameuses phéromones responsables de la force “magnétique” qui nous rapproche ou non à l’autre. Ils sont produits par le corps à travers les organes sexuels, les aisselles, la peau de la tête. Ces molécules seraient imperceptibles “au nez nu”mais nos cellules nasales les captent comme des molécules inodorantes à l’instar d’autres animaux. C’est ce qu’affirme Linda Buck, la célèbre biologiste et prix Nobel de médecine (2004). Mais la perception des phéromones est intimement liée à l’histoire personnelle et à la mémoire olfactive.
L’odeur du corps est propre à chaque individu, elle constitue son “empreinte organique”. Mais nombreuses sont les personnes qui préfèrent ne pas laisser leur odeur telle quelle. Elles dépensent énormément d’argent pour acheter des parfums.
L’homme a délibérément mélangé des odeurs et créé des parfums en utilisant les odeurs naturelles de fleurs telles que la rose, le jasmin, la vanille… Il a ajouté des préparations chimiques évoquant les senteurs de lys, d’iris, de mimosa… Et, pour la joie des amateurs et commerçants du sexe, on a crée des senteurs érotisantes en dopant les parfums par des phéromones.
Bien que tous les sens concourent à l’attirance et au désir sexuels, il se trouve qu’on est mené par le bout du nez.