Je me suis réveillé en sursaut, hanté par un cauchemar. Je me suis retrouvé seul sur le sol de l’aéroport de Beyrouth après avoir passé les formalités de voyage. Mon cauchemar s’est révélé être la vision de ne pas trouver l’avion, mais plutôt de vastes étendues de pistes aériennes vides et dénudées. Cette image s’était incrustée dans mon esprit troublé après seulement trois heures de sommeil.
Poussé par les nouvelles d’hier, je me suis précipité vers mon téléphone pour vérifier les événements en cours. Et là, j’ai vu une image similaire à mon cauchemar sur l’écran de mon téléphone, montrant les pistes de l’aéroport de Beyrouth vides d’avions, dominées par la fumée dense des frappes contre la banlieue sud de la capitale libanaise.
C’est une « invasion » ? une « incursion limitée »… Beaucoup discuteront et analyseront ces événements. L’essentiel est que cela marque la continuité des opérations militaires touchant de nombreuses régions du Liban et amplifiées par un bombardement médiatique éclipsant la réalité. Ma lucidité me dit que nous sommes confrontés à un changement majeur dans le conflit avec le ce nouveau sionisme porteur d’un projet colonial inédit. Ils visent désormais Gaza, la Cisjordanie, et pourquoi pas le Sinaï et le sud du Liban. Ou du moins, à élargir les zones d’occupation. Les circonstances sont propices à la restauration de l’unité d’un peuple israélien fracturé, soutenu par un vaste et puissant soutien des états « occidentaux », tandis que le projet de renaissance arabe est enclavé dans les abîmes de l’oubli.
Les bombardements en cours n’ont que faire des frontières nationales. Elles peuvent être redessinées si besoin. Leurs flammes ne se soucient pas de la nationalité de ceux sur lesquels elles s’abattent, qu’ils soient Libanais, Syriens, Palestiniens ou Yéménites. Israël et ses alliés ont unifié les champs de bataille pour faciliter éventuellement leur remodelage, après que les Américains aient sécurisé le flanc israélien du côté de l’Égypte et du Golfe, et dernièrement, du côté de l’Iran. Les intérêts des États-Unis, l’OTAN et Israël se sont convergés pour limiter l’influence de l’Iran au Proche Orient et réduire son rôle (qu’il le veuille ou non). Ils sont en train de « changer la réalité stratégique au Moyen-Orient », comme l’a dit Netanyahu. Il a réussi à imposer ses priorités : l’Iran est l’ennemi numéro un et la question palestinienne est à oublier. C’est ce qu’il croit, et ce en quoi ils croient.
Pourtant, ils négligent que les groupes encore en lutte malgré leur affaiblissement indéniable, vont continuer à résister. Passer la frontière Libanaise va leur donner une nouvelle légitimité. De plus, ces groupes deviendront plus nombreux et plus radicaux demain. Ceux qui croit autre chose sont dans l’aveuglement ou la stupidité, voilà ce que dit l’Histoire.