En déambulant sur la scène installée au centre, Macron tient la foule à coup de phrases bien enveloppées et de variations de ton qui empruntent des montées et descentes. Il sait… dans une circonstance comme celle-là, il faut dire tout sur tout, et n’oublier personne.
Le candidat commence un discours construit comme un puzzle et dont lui seul, connaît le secret. C’est un méli-mélo fait de mesures sociales récentes, de promesses réalisées et de nouvelles propositions. Et, c’est difficile de cerner un ordre précis de thèmes, car le tribun a retenu par coeur des enchaînements et suites répétitives de mots et phrases clés qui lui servent de marquages : « je suis comme vous » …, ou « c’est injuste » ou « « je me résoudrais jamais » … Un tel procédé lui offre l’occasion de s’arrêter à sa guise ou de lister « en cavalcade » des mesures récentes pour limiter l’impact de la hausse des prix ou une promesse réalisée du congé parental étendu. Aussi, de relater des éléments de son projet pour les mille premiers jours: « Une demi-heure de sport dans les maternelles dès septembre », « Une voie d’excellence dans les lycées professionnels », « Les repas à un euro pour les étudiants, « le compte épargne temps universel » … « dès cette été une prime de 6000 euros exempt d’impôt » Mais le lendemain, Mélanchon se moque de lui dans son meeting à hologramme: « puisque la prime est soumise au désirs des patrons… Moi « je vous promets 50.000 »
Macron est satisfait de son bilan. « Le taux de chômage est le plus bas, des usines s’ouvrent… » . Son objectif pour le second mandat est « le plein emploi en fin de quinquennat ». Qui dit mieux! Mais quand il aborde la proposition de la retraite à 65 ans, il n’oublie pas de dire: « j’assume qu’il faudra travailler plus et plus longtemps ».
A propos du scandale des établissements accueillant les personnes âgées, il n’hésite pas à plagier le slogan du Nouveau Parti anticapitaliste: Nos vies, leurs vies valent plus que tous les profits ».
Quand il pointe la question des difficultés d’accès aux soins il propose l’appui d’« associations de patients citoyens ». « la santé mentale sera une priorité ». Il veut conjurer les déserts médicaux car, dans le domaine de la santé « il y a une perte de sens chez les uns et perte de chance chez les autres ».
Ill parle de la lutte contre la violence, l’égalité homme/femme, la protection de l’enfance comme grandes causes du prochain quinquennat. « Nous ferons parce que nous avons déjà fait… Certains veulent nous amener en arrière mais, nous sommes là … » Il est persuadé que les Français apprécient les esprits qui dissertent sur l’histoire et la philosophie. Il raconte qu’il se pose en permanence la question « c’est quoi gouverner? » et il se dit nouveau mandat mérite « une méthode nouvelle » où le maître mot est « associer, faire différent ».
Il critique la pensée molle politiquement correcte qui devient politiquement abjecte. « Je veux un changement profond… une reforme exigeante de l’état… il y a un dérèglement géopolitique, écologique, économique… nos valeurs sont dans l’air du temps… Il faut prendre la France comme elle est… La force tranquille de la fraternité… Une puissance de rêve… La vigueur apaisée de la laïcité… bâtir l’unité… Je porte un projet de progrès et d’indépendance pour la France et pour l’Europe… Une Europe de protection et de sécurité… Je propose l’impôt européen… et rétablit le service national… »
Le discours de Macron est, sur l’essentiel, un remake de son discours de 2017, rempli de paroles qui sonnent bien. « Allez, applaudissez… » Il cite les soignants, Samuel Patty, Simon Weil, Joséphine Baker, Sean-Paul Belmondo, Edouard Philippe, François Bayrou. Mais en 2017, Il faisait applaudir les travailleurs, les policiers. les ONG de la société civile et… les musulmans.
Macron qui apparaissait en 2017 comme habité d’une mission, avait promis à l’époque qu’après son élection « il y aurait plus besoin de voter pour les extrêmes ». Nous voyons bien le résultat. Un Eric Zemmour qui désigne les musulmans comme ennemis, une autre extrémiste, Madame Le Pen qui a réussi dans les formes à adoucir son image et un radical de gauche qui prône la rupture.